Éditorial Octobre 2022

Voici donc, comme annoncé, le dernier cahier de notre bulletin trimestriel. Avec un brin de nostalgie – pourquoi le nier ? – mais surtout une large dose de mémoire heureuse et reconnaissante.

En des pages denses, bourrées de noms évocateurs, Bernard Stevens retrace quelque 40 années d’activités et de rencontres. Quelques illustrations de couvertures témoignent à leur manière de publications qui ont émaillé l’histoire des Voies de l’Orient. Pour compléter ce panorama, nous reproduisons les comptes rendus des « Assises » au cours desquelles, par six fois, se tissèrent de précieux liens avec des amis qui, en Europe et par-delà, partageaient nos préoccupations. Les thèmes explorés sont toujours d’actualité et peuvent encore nourrir la réflexion et l’action. 

Au moment où se tourne une page, Pierre de Béthune nous encourage à garder le cap. Balayer du regard le chemin parcouru, c’est percevoir des signes de progrès et des indices plus inquiétants. Qu’en est-il aujourd’hui de l’esprit de dialogue ? L’atmosphère cosmopolite et la fibre humanitaire tendent parfois à gommer les différences. Il demeure plus que jamais nécessaire de rappeler que « la paix n’est pas le but du dialogue interreligieux, elle en est le fruit ». Une rencontre authentique ne peut éviter « d’affronter ce qu’il y a d’irréductible » dans nos traditions respectives.

Ce copieux numéro s’achève sur deux textes qui, comme si de rien n’était, invitent à poursuivre la marche. Le premier aborde la question délicate du « transfert des mérites » : « Par quel tour de passe-passe pourrais-je faire aboutir les mérites positifs ou négatifs de mon comportement chez quelqu’un d’autre ? » Rappelant que le Bouddha était maître dans l’art de repenser des catégories traditionnelles, Edel Maex dégage la signification spirituelle de cette pratique du transfert. Dans un entretien où Claire d’Assise et Hadewijch d’Anvers voisinent avec un haïku japonais, Christine Daine évoque le « beau risque » de l’amitié spirituelle : « Il faut beaucoup d’humilité pour risquer une amitié, car notre narcissisme risque d’en prendre un coup. Mais s’enfermer dans ses limites c’est manquer de véritable intelligence et ne pas choisir la vie. »

Bonne lecture et bonne route !

L’équipe des Voies de l’Orient