Éditorial Octobre 2020

Les relations entre bouddhistes et chrétiens font à présent partie du paysage en plusieurs régions du monde. Peu de gens sont conscients de l’ancienneté et de la diversité de ces contacts. Dans des pages très documentées, présentées tout d’abord lors d’un colloque au Myanmar (Birmanie), Elizabeth Harris, une des voix les plus expertes en ce domaine, commence par brosser un large panorama historique en trois panneaux : Chine et Japon à l’époque pré-moderne, Sri Lanka et Myanmar à l’ère coloniale, les développements au 20e siècle. Elle décrit ensuite trois domaines actuels de rencontre positive : le dialogue inter-monastique, l’action dans la société, les rencontres entre femmes. Elle attire enfin l’attention sur deux points de tensions : les conceptions monothéistes, des formes de prosélytisme non conformes à l’éthique.

Docteure en philosophie des sciences, présente sur le terrain des luttes paysannes, Vandana Shiva est devenue en Inde (et dans le monde) une grande figure de l’engagement pour la sauvegarde des savoirs traditionnels, la protection de l’environnement, la promotion de modes alternatifs de production, la dignité des femmes. De son éducation au sein d’une famille modeste et de l’héritage gandhien elle tire « une grande source d’inspiration ainsi qu’une immense responsabilité ». Par l’exemple et par l’action concertée, se faisant l’avocate d’une « désobéissance créatrice », elle invite hommes et femmes à « protéger et partager ».

Les rites sont-ils des restes de religion archaïque ? La culture taïwanaise en demeure profondément imprégnée. Prenant pour point de départ la langue et les idéogrammes, Étienne Frécon illustre le lien entre le rite et la vertu d’humanité, c’est-à-dire « le souci qu’ont les hommes les uns pour les autres du fait qu’ils vivent ensemble ». D’une tradition souvent déroutante pour les Occidentaux émerge le message qu’il n’y a pas de contradiction entre « rite et sincérité, vérité et harmonie, politesse et relation ».     

Enseignant de zen et de tai-chi, auteur de livres sur les pratiques corporelles publiés en France, Jacques Dropsy, récemment décédé, était bien connu notamment en Suède. Nous reprenons quelques pages parues autrefois dans ce pays. Il y témoigne de la manière dont une longue pratique du zen l’a conduit à « porter un regard neuf » sur bien des pages du Nouveau Testament. Le « grand Oui » de l’esprit qui habite le Christ est capable, écrit-il, de transformer les « Non » de nos préférences ou de nos aversions personnelles.

Jacques SCHEUER