Éditorial Janvier 2020

Emportés par l’accélération scientifique et technique, par les mutations des sociétés, nous découvrons (trop) lentement que tous les défis de notre temps sont de plus en plus interconnectés. La nécessité d’une profonde conversion s’impose : d’une mentalité individualiste à une vision plus large, de l’exclusion ou de l’isolement à l’inclusion, du ‘moi’ (ou d’un petit ‘nous’) à un ‘nous’ toujours plus large. En outre, il apparait nettement que le destin des humains et celui de la Terre qui nous héberge sont intimement liés. Einstein, déjà, invitait à « élargir notre cercle de compassion pour embrasser toutes les créatures vivantes et la nature entière dans sa beauté ». Nous avons, écrit Prashant Olalekar (Inde), la responsabilité d’être co-créateurs d’un univers inachevé. Du Cantique des créatures de François d’Assise aux sagesses taoïstes, hindoues ou amérindiennes, les traditions du monde offrent des ressources pour transformer le regard et suggérer de nouvelles pratiques.

« Traduttore traditore » : une traduction trahit toujours quelque peu l’original. Mais, entre deux langues, deux cultures, deux sociétés, il faut bien franchir la distance. Le traducteur doit « évaluer quelle dose de désorientation le lecteur peut accepter ». Pour se rapprocher de lui, faut-il remplacer ‘figuier’ par ‘bananier’ ou ‘agneau’ par ‘buffle’ ? Exemples cocasses. Mais, partant de traductions de la Bible en chinois, Pierre Jeanne met en lumière des enjeux – politiques ou religieux – bien plus lourds. Mêmes enjeux, évidemment, pour passer du chinois ou du bengali au français…

Prêtre et religieux dominicain, Bernard Durel a découvert assez tôt la pratique de l’assise méditative dans l’esprit du Zen. Un séjour prolongé chez Graf Dürckheim, un voyage au Japon dans le cadre d’échanges entre moines bouddhistes et chrétiens, la rencontre de son confrère Shigeto Oshida : bref, une vie « entre le coussin et l’autel ». Dans une longue interview Bernard revisite ce parcours. « Le Bouddha a croisé ma route… Son enseignement m’accompagne et éveille, ou réveille, certains aspects de ma propre foi chrétienne ». Il est question notamment de redécouverte du corps, de culture de l’attention, de l’art du ‘non-faire’. Notre monde mobile multiplie les occasions de « fertilisation croisée ». Une chance à saisir. Encore faut-il être équipé ! Nul doute que beaucoup de participants à ses sessions – et bien d’autres – trouveront plaisir et fruit à le relire ou à le découvrir.

À ses lecteurs, proches ou lointains, l’équipe des Voies de l’Orientest heureuse de présenter ses vœuxde paix, de découvertes et d’harmonie au seuil de l’Année Nouvelle !