Éditorial Juillet 2021

 

On parle couramment de ‘maitres zen’. N’y aurait-il pas de place pour les femmes ? Ana María Schlüter (Kiun An) évoque quelques épisodes de la vie du Bouddha puis ratisse les récits traditionnels du Chan chinois et du Zen japonais. Elle y repère l’empreinte pesante des structures patriarcales mais aussi, à contre-courant, des ouvertures fondées sur la non-discrimination homme/femme : une fillette peut être plus proche de l’Éveil qu’un vieux moine savant. Aujourd’hui, des femmes occidentales, tout en s’engageant dans la voie du Bouddha, refusent la perspective d’une société ‘androcentrique’ où l’homme occupe le centre tandis que la femme est à la marge. L’auteure présente à ce propos les réflexions de la bouddhiste américaine Rita Gross dans Le bouddhisme après le patriarcat.

Le bouddhisme a longuement et profondément façonné le paysage spirituel de l’Inde ; il en a ensuite totalement disparu. Comment expliquer cette énigme ? On peut songer aux développements de la bhakti – foisonnement des images divines, des temples, des pèlerinages – puis du tantrisme : il y a là, entre hindouisme et bouddhisme, bien des points de contact mais aussi de concurrence. Il y eut aussi de savantes controverses entre penseurs. Et encore d’autres facteurs que Yann Vagneux passe en revue : décalage entre une élite monastique et la foule des disciples laïcs, perte de patronages royaux, enfin destructions et dispersions lors d’invasions musulmanes. Mais, faute de documents précis, l’énigme demeure…  

Avec l’aimable autorisation de la revue Sources (n° 50), nous sommes heureux de vous partager les réflexions vigoureuses de notre ami Bernard Durel sur la crise que nous traversons depuis plus d’un an. Il y aura, dit-il, un avant et un après. Lorsque frappe l’imprévu, c’est d’abord l’effroi et la peur. Il y a de bonnes et de mauvaises peurs. L’épreuve est une chance à saisir, à condition d’aller des symptômes aux causes profondes. L’occasion nous est offerte de prendre conscience que « nous sommes déracinés ». Il est urgent de retourner au réel. Au réel dans toutes ses dimensions : techniques, environnementales, sociétales, symboliques et spirituelles. « La crise est trop grande pour être traitée uniquement à l’aide d’un programme politique ».

 

                                                                                                                                     Jacques SCHEUER