Éditorial Juillet 2020

 

À propos de la quête de l’Originel, Colette Poggi, tout en évoquant quelques souvenirs personnels, relève les traces de l’expérience vécue par de grands témoins d’Orient et d’Occident : poètes, mystiques, peintres, savants même. Chaque voix est originale.
Il semble cependant qu’il existe des archétypes convertibles… sans être superposables. Nous portons en nous « une étincelle de Cela, sans laquelle nous ne serions pas ».
De là, une suggestion audacieuse : la spiritualité ou la vie mystique ne serait-elle pas « simplement un degré plus élevé de l’acte de vivre ? » Encore faut-il le courage de se débarrasser de pas mal de parasites…

Des « réformes par l’encre ». Peut-être même, nous dit Pierre Jeanne, une révolution.
Il y a un peu plus d’un siècle, alors que de nombreux jeunes Chinois vont étudier en Occident ou au Japon, les traductions d’œuvres étrangères (y compris la Bible) se multiplient. À réalités nouvelles, mots nouveaux. De vifs débats naissent autour des meilleures manières de traduire, de transposer, d’adapter. Tous les domaines s’en trouvent reconfigurés : langue parlée et écrite, sciences, société, aspirations politiques, religion… Des notions aussi fondamentales que vérité ou liberté sont redéfinies.

Nous achevons la publication, entamée dans le cahier précédent, des lettres adressées à Bettina Bäumer par Swami Abhishiktananda. Dans les dernières années de sa vie (1970-1973), les échanges s’intensifient, notamment à propos d’un maitre hindou, puis de l’arrivée en Inde d’un jeune disciple français. L’attrait de la solitude n’empêche pas le Swami de parcourir l’Inde, de rencontrer beaucoup de monde, d’échanger de nombreuses lettres. Ce dont l’Inde et l’Occident ont besoin, ce n’est pas tant d’ermites que, écrit-il, de gens qui « ont percé le secret de l’advaita et sont capables de le révéler au milieu même du monde ».

Cela fait quelque temps que le mot ‘ascèse’ ne faisait plus recette chez nous. C’est oublier peut-être qu’à l’origine, il signifie ‘exercice, entrainement’. Songeons à l’athlète, au danseur, au violoncelliste. Les pratiques du corps unifient avec soi et avec la nature.
Le corps « doit être profondément travaillé pour trouver sa liberté » mais aussi, en perspective biblique et chrétienne où Luc Ruedin se situe, pour « s’ajuster à l’Alliance ». Dans cette lumière sont ici revisitées des pratiques telles que le jeûne, la méditation de pleine conscience ou la marche du pèlerin.

Jacques Scheuer