Éditorial Janvier 2021

La vitalité fort variable des divers groupes religieux en Chine, leur réorganisation après la Révolution culturelle, leurs relations en dents de scie avec le gouvernement, la recrudescence de contrôles tatillons voire de franche persécution : comment interpréter ce qui se passe sur le continent ? Journaliste spécialiste de ce domaine, Ian Johnson évoque quelques étapes trop peu connues des rapports mouvementés entre religions, société et pouvoir politique depuis un siècle et demi. Ce recul, en relativisant l’actualité immédiate, aide à mieux la comprendre. L’essor économique actuel semble s’accompagner de nouvelles quêtes éthiques et spirituelles et d’un renouveau d’intérêt, en particulier pour le bouddhisme et le christianisme.

Des jugements rapides ou gauchis par nos préjugés mènent à d’injustes discriminations. Par contre, le discernement (viveka), l’art de préparer de justes décisions, est une faculté indispensable à qui souhaite progresser spirituellement. Satya Narayan Das propose quelques distinctions éclairantes à partir des traditions de l’Inde. La personne libérée ne se laisse pas emporter par l’attachement ou l’aversion. Cela ne signifie pas qu’elle devienne insensible ou incapable d’émotions.

Née dans une famille parsi (zoroastrienne) de Mumbai, Gool Dhalla (1921-2013) devint chrétienne et religieuse catholique durant ses études universitaires. Au terme d’une carrière d’enseignante, elle prit le nom de Vandana Mataji et se consacra à la contemplation et au dialogue. Après plusieurs années dans l’ashram de Shivananda, elle fonda une petite communauté interreligieuse, mettant la louange (vandana) et l’invocation du Nom au cœur de la rencontre entre chrétiens et hindous.

Il est courant de distinguer plusieurs champs de la rencontre interreligieuse et du dialogue : les relations de voisinage au quotidien, le service commun de la société, la comparaison de doctrines, l’expérience spirituelle. Cette dernière dimension, la plus délicate peut-être, est aussi la plus féconde ; touchant le cœur de l’engagement, elle irrigue les autres. Ce partage de l’expérience spirituelle suppose une conversion intérieure mais aussi un autre type de relation : être prêt à demander l’hospitalité – autant qu’à l’offrir. Être disposé, écrit Pierre de Béthune, à « partager les vivres, et même les raisons de vivre ». L’hospitalité est le ‘biotope’ du dialogue.

Au seuil de cette Année toute neuve, l’équipe des Voies de l’Orient
vous adresse ses vœux de lumière, de paix et d’harmonie