Editorial Avril 2019

Selon la vision chinoise traditionnelle, l’existence est faite de mouvements, de mutations. Toutes les formes de vie évoluent selon un rythme d’alternance : expansion/contraction, mouvement/repos. Ces pôles ne dessinent pas des oppositions duelles mais des échanges, des rapports d’interdépendance, une harmonie qui laisse transparaitre une Source unique. Toutefois, précise Élisabeth Rochat de la Vallée, ces relations d’équilibre ne peuvent masquer une claire suprématie du Ciel sur la Terre. Quant à l’Homme, entre Terre et Ciel, il est invité à s’intégrer avec sagesse et mesure aux courants de vie.
Dans le Japon du 13e siècle, Shinran a poussé jusqu’au bout la logique des écoles bouddhistes de la Terre Pure. Ses lettres, en particulier, nous révèlent sa personnalité et son souci d’être proche du petit peuple. Un visionnaire qui a les deux pieds sur terre : c’est ainsi que le voit Marcus Cumberlege, poète récemment disparu. Le cœur du message de Shinran : se défaire de l’illusion que nous sommes capables de faire notre salut. Conscients de notre faiblesse, nous devons, sans aucun esprit de calcul, placer notre confiance dans la compassion active du Bouddha Amida.
Membre de l’ashram de Shantivanam, au pays tamoul, John Martin Sahajananda passe d’abord rapidement en revue une série de religions afin de repérer l’objectif central qui confère à chacune son caractère unique. Citant et commentant ensuite des enseignements et paraboles des évangiles, il met en lumière leur message de dépassement et d’élévation, avec le renoncement que cela exige : transformer nos vies en vie de Dieu, nos actions en actions de Dieu, nos désirs en désirs de Dieu.
Bernard Stevens a récemment publié la traduction française de l’œuvre majeure de Nishitani, une des figures principales de «l’école de Kyôto». Traduire du japonais une pensée élaborée au carrefour des philosophies de l’Extrême-Orient et de l’Europe, représente un défi de taille et demande un travail rigoureux. C’est en termes simples que Bernard tente de dire ici ce qui l’a amené à cette entreprise et quels sont les grands axes de la pensée de Nishitani. S’agissant d’un «ouvrage exigeant et ardu», on ne s’étonnera pas que sa présentation demande elle aussi une certaine attention.
Vous aurez appris, par la presse et les médias, le décès du Cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles de 1979 à 2010.
L’équipe des Voies de l’Orient l’a plusieurs fois rencontré, à Malines et Rue du Midi.
Elle garde avec reconnaissance la mémoire d’un homme de dialogue, ouvert à la diversité des traditions et attentif à encourager le progrès spirituel de chaque personne.